« L’exposition BLOOMING SKIN, programmée à la Galerie Lligat à partir du 25 mars 2021, pré- sente les travaux de Marielle DEGIOANNI dont la pratique est centrée sur le papier — du dessin (crayon, stylo, aquarelle) à la perforation. Ses compositions célèbrent la miniature pour mieux concentrer l’intimité et la distinction de l’image. Les formes — corps féminins, fleurs, végétaux, tiges, bourgeons, chevelures, ani- maux — le plus souvent graciles et juvéniles, naissent de perforations successives réalisées à la pointe métallique, associées au crayon et à des touches d’aquarelle. Ces perforations sont autant de pénétrations de papier qui signent l’image, avant même que la figure dessinée ne soit totalement perçue, identifiée.

Au premier regard sur l’œuvre, il y a l’espace vide, puis les marques distinctives, des trouées dont les bords en relief font bourgeonner le papier. La perforation implique un double geste de pénétration et de retrait qui rehausse les entours de chaque cavité et joue avec le verso et le recto de l’image érogène. Ces stigmas tiennent à l’écart le dessin et donnent moins à voir qu’à sentir la peau du papier, sa puissance subjectile. Le féminin, le végétal et l’animal sont les thèmes majeurs qui irriguent la recherche de Marielle DEGIOANNI. Ils sont abordés du point de vue de la poussée, de la prolifération et de l’énergie vitale. Le bourgeonnement, les états naissants et germinaux questionnent le corps sexué, la pulsion. Au fil des scènes intimes, l’hybridité des corps et la métaphore participent à la création d’une mythologie où la pureté et l’étrangeté sont indissociées. Les rehauts d’aquarelle garance ajoutent à la naissance d’un sein, d’un sexe, d’une bouche, la gemmation du désir. Chacune de ces images sacralise les prémices de la sensualité et se constitue en « scène érectile » où le papier devient la chair à effleurer. »

Valérie Jottreau, galeriste, 2021

À propos de l'exposition « Blooming Skin » à la galerie Lligat

« Les dessins de Marielle Degioanni sont réalisés à partir de perforations, de crayon et d’aquarelle. Des silhouettes, humaines, animales ou végétales se forment avec une succession de trous alignés, percés dans la feuille avec une aiguille, auxquels répondent des représentations picturales de corps, généralement fragmentées. La confrontation de ces deux pratiques fait d’abord réfléchir de par leur démarcation. Des fleurs, tiges, arbustes, poussent en trous, là où tétons et sexes se démarquent par leur couleur rouge. Des cheveux, aussi, sont définis par un amoncellement, en cascade, de perçages, pendant que le reste du corps, à peine perceptible, est parfois esquissé avec le crayon.

On pourrait qualifier ces perforations d’impulsion servant à lier les éléments représentés. L’arbuste unit les personnages entre eux, les tiges se rejoignent en une éclosion commune, d’une branche naît une tête de serpent, et les cheveux de deux personnages différents se découvrent être les mêmes. La couleur intervient pour parler de ce qui, dans ce liage, a trait au sensoriel, c'est-à-dire comment l’intime de Marielle Degioanni (exprimée par ces seins, ces sexes) découle de cette communion avec une nature onirique. Elle troue le papier comme pour trouer le visible et découvrir en ses fissures un réel intérieur, sanglant, d’une violente délicatesse et d’une poésie toute organique. »

Hannibal Volkoff, artiste et commissaire d'exposition, 2020.

À propos de l'exposition « Le lien-corps en éclosion » à la galerie Hors-Champs.

« Marielle Degioanni pique la feuille à petits coups d’aiguilles serrés. La succession de ces minuscules reliefs dessine des entrelacs végétaux, des nervures, des cheveux. Selon les cas, on pourrait dire qu’ils relèvent de la broderie, de l’acupuncture, du nuage de particules. Blancs sur blancs, ils révèlent la présence du papier et le transforment en surface organique. Souvent, ils sont prolongés par l’aquarelle, rose pâle, liquide, avec une pointe de rouge vif. Evocatrice d’attributs féminins, l’aquarelle contribue à l’érotisation des œuvres. Suspendue au milieu de la page, chaque composition apparaît comme la cristallisation momentanée d’un fluide. Elle semble surgir de la brume, comme si elle était l’émanation du vide, une floraison venue de profondeurs vacantes. Elle contient en elle beaucoup d’antinomies : douleur des piqûres et douceur du trait, froideur du blanc et ouverture chaleureuse des formes, réserve de l’espace et présence du rouge. On dirait que l’artiste met un peu de sa propre chair dans chacun d’entre eux. »

Anne Malherbe, historienne de l'art et critique d'art, 2019.

« Marielle Degioanni réalise de délicates petites visions intimes et surréelles où le corps féminin s’hybride au règne animal ou végétal. Parfois une masse noire étrange, là un amas de cheveux ici des plumes de corbeaux, recouvre des personnages ou laisse s’extirper une fine main de femme, au rose tendre. «Ce dessin constitue une figure mi-sauvage mi-précieuse, à la fois comme coupée en deux et une, car l’on ne sait dire si le bras s’échappe ou s’il n’est que le prolongement, une partie ‘autre’, de cette masse animale, ou l’inverse. Il s’agit d’une association ambivalente, brutale et délicate à la fois». Vision ambivalente de la féminité dans laquelle s’imbriquent la séduction et la répulsion, la peur et la fascination, le mouvement de vie et l’inertie funèbre, le visible et le caché. »

Amélie Adamo, critique d'art et commissaire d'exposition, 2016.

À propos de l'exposition « Derrière Vénus » à la galerie Da-End.